"Les membres du Collectif "GPX 974", composé de plus de 700 gardiens de la paix originaires de la Réunion et travaillant en Métropole, m'ont fait part de leur étonnement suite à l'annonce du reclassement de leurs collègues métropolitains vers la Réunion, après la fermeture de leur commissariat.
En effet, à la fermeture du commissariat de Guebwiller (Haut-Rhin), annoncée officiellement le jeudi 11 avril 2013, un brigadier, un brigadier-chef et un gardien de la paix se sont vus attribués un reclassement à la Réunion, sans que la commission paritaire ne donne son avis. De même, ce reclassement a été accompagné de créations de poste, ce qui est surprenant au regard des restrictions budgétaires qui s'appliquent à tous les ministères.
En mon sens, ce reclassement vers la Réunion n'a aucune légitimité, dans la mesure où cette décision a été prise dans une totale opacité, en dehors de tout cadre légale.
Aussi, cela a pour conséquence directe une exacerbation des tensions entre les gardiens de la paix de Métropole et ceux d'Outre-Mer, notamment ceux de la Réunion, alors que des négociations sont en cours pour faire évoluer l'actuel système de mutation.
En conséquence, Monsieur le Ministre, il est impératif de mettre fin à cette pratique, d'autant plus que d'autres commissariats vont être prochainement fermés: à Dinan (22), à Castelnaudary (11), à Thouars (79), à Persan-Beaumont (95), et à Saint-Gaudens (31).
En effet, seule la volonté politique peut mettre fin aux pratiques opaques de reclassement, commises en dehors de tout cadre légal, des agents originaires de la Métropole vers la Réunion.
De même, je vous fais également part d'une autre préoccupation du Collectif "GPX 974": celle de l'annonce d'une circulaire de la Direction des Ressources et des Compétences de la Police Nationale (DRCPN), dont le contenu demeure encore inconnu, mais qui aurait pour objet de modifier le système de mutation des gardiens de la paix.
Cette future circulaire, dont la publication serait prévue avant l'été 2013, suscite des interrogations, dans la mesure où les représentants des gardiens de la paix ultra marins n'ont pas été consultés pour la rédaction de cette circulaire.
Elle est également annoncée alors que mon collègue Patrick Lebreton, Député de la
Réunion et Maire de Saint-Joseph, n'a pas encore rendu son rapport sur la mobilité et le déroulement de carrière des fonctionnaires sur les territoires ultra marins, rapport qu'il doit remettre au Président de la République pour septembre 2013.
Il est, en mon sens, nécessaire d'avoir des éclaircissements à ce sujet et que les missions que le Président de la République confient aux parlementaires soient respectées par l'administration.
Enfin, je vous rappelle que le Collectif "GPX 974" milite pour une réforme du système actuel, en réclamant une mutation à l'ancienneté de la demande, afin que les mutations vers la Réunion soient dorénavant attribuées dans la plus grande équité.
Les gardiens de la paix réunionnais sont des femmes et des hommes qui ont accepté de mener leur mission en métropole -ils sont 2 500 dans l'hexagone, dont 1 800 pour la seule région de l'IIe-de-France et le font avec devoir et bonne volonté. Mais après plusieurs années, il est bien légitime qu'ils aspirent à retourner au pays pour poursuivre leur mission tout en investissant pour leur avenir et celui de leurs familles.
A ce jour, le système actuel de mutation, basé sur l'ancienneté administrative, permet plus facilement la mutation, dès leur première demande, de fonctionnaires métropolitains vers la Réunion, alors que les fonctionnaires réunionnais doivent attendre 10, 15 voire pour certains 25 ans pour pouvoir retourner chez eux, après des années de demandes de mutation.
Ces femmes et ces hommes ne demandent donc pas à être favorisés plus que d'autres, mais ils aspirent à retrouver un système qui permette une mobilité équitable entre métropolitains et ultramarins, ainsi qu'une prise en compte humaine des années accomplies pour celles et ceux qui demandent à retourner sur leur terre natale.
Monsieur le Ministre, je compte sur votre action pour résoudre ces problématiques que je viens de faire porter à votre connaissance".
Thierry Robert
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